jeudi 22 mars 2018

On m'avait dit "tu verras, c'est que du bonheur" !

Samedi, cela fera 3 mois. Trois mois qu'il est né, notre petit chat, trois mois qu'il a fait de nous des parents.

C'est encore tellement étrange pour moi, de me dire que nous avons un fils ! Pour vous dire la vérité, je considère que nous n'avons pas encore totalement pris nos marques. Vous me direz, trois mois, ce n'est pas grand chose face à presque 10 ans d'une vie juste à deux. Pourtant, si petit soit-il, il a déjà pris sa place, et si nous, nous avons eu une vie avant lui, pour lui nous sommes tout ce qu'il connait. Alors, bien sûr, cela demande beaucoup d'attention.

On m'avait dit, "tu verras, c'est que du bonheur".

Alors, NON. Non, non, non, clairement pas. Avant même qu'il naisse d'ailleurs, je me doutais bien que non, ce ne serait pas "que du bonheur" ! Et les deux premiers mois, surtout, ont été difficiles. J'ai eu un peu la tête dans l'eau, j'ai essayé de faire de mon mieux, vraiment, mais j'ai le sentiment, après coup, d'avoir vécu dans un monde parallèle. J'avais le sentiment que la vie continuait sans moi. Comme si plusieurs trains passaient, mais que moi, je ne pouvais pas monter dedans, coincée en gare. Beaucoup d'émotions contradictoires se sont mélangées. Oui, j'avoue m'être retrouvée, plusieurs fois, épuisée, en larmes avec mon bébé dans les bras, à me dire "mais qu'est ce que j'ai fais de ma vie ?" ... Désespérée, incapable de relativiser, j'ai imaginé revenir en arrière. Flûte, c'est pas comme dans les Sims, on ne peut pas se créer une nouvelle partie. Je me suis sentie submergée, écrasée par cette nouvelle responsabilité de quelques kilos. L'allaitement, surtout, m'a rendue folle. On ne m'avait pas dit qu'un bébé pouvait téter si souvent, si longtemps. Ou plutôt, on m'avait dit (et par "on", j'entends le corps médical) : "il va manger toutes les deux heures". Ok, ça ne me faisait pas peur, même la nuit. Sauf que. Le mien, j'avais l'impression qu'il tétait non stop ! Parfois, je croyais qu'il avait terminé, et puis, 10 minutes plus tard, il réclamait à nouveau ! Certains jours, je n'ai pas pris de douche. Je restais en pyjama, une petite sangsue agrippée à mon sein, refusant quasiment systématiquement d'être posée. Et pour une raison qui m'échappe encore aujourd'hui, j'avais l'impression que ça ne finirait jamais ! Les hormones, sans doute ..?

Et puis, il y a eu les premiers sourires.
C'est véritablement à partir de là que ça a commencé à aller mieux pour moi. Je voyais ses sourires comme une "récompense", comme s'il voulait me dire "merci de t'occuper de moi". Chaque fois qu'il me souriait, je me gorgeais d'amour et d'énergie, et ça remplissait mon petit réservoir de bonheur. Par un seul sourire, j'oubliais tout le reste. Le manque de sommeil, les pleurs, la vie sociale réduite, le caca, les régurgitations.

Ensuite, nous avons décidé de commencer un allaitement mixte.
Dans un premier temps, j'ai voulu tirer mon lait. J'ai loué un tire-lait électrique, et la première fois, mon dieu ... je ne me suis pas bien sentie du tout. Le lendemain, ça allait déjà mieux et j'ai fais comme ça pendant quelques jours, je ne sais plus exactement, jusqu'à ce que je me dise que ce n'était vraiment pas pour moi. Je me revois, dans le canapé, deux pompes tirant sur mes seins, et me dire "mais qu'est ce que je suis en train de faire .?" Ma foi, j'aurais essayé !!
On a donc donné des biberons de lait artificiel. Un par jour, puis deux par jour. Et le reste du temps, il reste allaité à la demande. Ça m'a TELLEMENT changé la vie ! J'ai pu à nouveau sortir seule ! Je suis allée chez le coiffeur, puis j'ai fais un resto avec mon meilleur ami, et un autre avec ma meilleure amie, pendant que Chéri gérait bébé ! J'étais euphorique de sortir à nouveau, juste pour mon plaisir à MOI ! Mine de rien, je n'avais pas pris le tram seule depuis le mois de décembre ! J'avais l'impression d'avoir 17 ans ! :-D

Et je ne peux pas oublier la bienveillance et la présence de mes proches. Les textos, pour prendre des nouvelles. Le long message de Clémence. Les appels réguliers de ma maman. Les discussions sur Messenger avec ma tante. Les visites. Le rituel du vendredi après-midi, avec Audrey et Wendy. Les propositions de garder bébé (Stéphanie, Clélia, Marie, je n'oublie pas !). L'enthousiasme de mon Papa, avec son projet de train électrique. Mon autre tante, qui après m'avoir vue avec Néo, m'a dit : "tu es une très bonne maman". Mon amie Isabelle, déjà maman. Loin des yeux, mais si près du cœur, après toutes ces années.

Bien sûr, le soutien de Chéri. Qui, avec son travail et ses horaires décalées, n'a pas toujours pu être présent comme il l'aurait souhaité, mais a su me prendre dans ses bras et me réconforter, tout simplement. Et prendre le relais quand il le pouvait. Je me souviens de ce dimanche après-midi, où il m'a dit : "je vais le promener, prend du temps pour toi, prend un bain, profite".

On dit que les trois premiers mois de vie d'un bébé, c'est en quelque sort le quatrième trimestre de la grossesse. C'est le "concept du continuum". Hé bien, effectivement, je l'ai vraiment ressenti comme ça. Dans le sens où le bébé a énormément besoin de chaleur humaine (edit : la maman aussi ... cf le livre "Bien vivre le quatrième trimestre au naturel" de Julia Simon), de réconfort, et de fusion. Je crois que j'ai eu un peu de mal à le prendre en compte. Je veux dire, je l'aime de tout mon cœur et je fais mon maximum pour être douce avec mon bébé, ça m'est même plutôt naturel, mais quand je lis que certaines le portent quasiment toute la journée, dans les bras ou dans une écharpe de portage, j'ai tendance à me dire que je veux un peu trop laisser mon bébé vivre sa vie ! Ah ah ! :-D

Bref. On ne va pas se le cacher, s'occuper d'un bébé, c'est dur. Plus que ce que j'imaginais, vraiment. Et les premiers temps, je n'osais pas le dire, je n'osais pas m'en plaindre. Je répondais "oui oui ça va, on prend nos marques doucement", quand on me demandais comment ça se passait. Parce qu'après tout, Néo est plutôt facile à vivre et je crois bien que nous avons de la chance. Maintenant, je n'ai plus honte de dire que oui, c'est difficile. Ça va de mieux en mieux, mais cette semaine encore, j'ai eu envie de le poser par terre et m'enfuir. Et quelques heures plus tard, après une bonne douche et une grande balade, j'étais de nouveau amoureuse de lui et de ses sourires.

Apprendre à connaitre son enfant, trouver un équilibre, ça prend du temps. J'ai beaucoup à apprendre, de nombreux défis à relever. J'essaie notamment de me retrouver en tant que femme. Prochaine étape, un vrai moment avec mon chéri, juste nous deux.

Mais vous savez, je l'aime tellement, mon tout petit ... Et je suis émerveillée de le voir grandir ! Les beaux jours arrivent et cela me remplit de joie. Nous allons pouvoir faire de plus jolies promenades, installer une couverture dans l'herbe et pique-niquer, il va découvrir le monde à la plus belle saison qu'il soit et ça, c'est vraiment vraiment chouette !


EDIT : depuis l'écriture de ce billet, j'ai découvert le fabuleux podcast La Matrescence.
Je vous recommande VIVEMENT son écoute.

et voici le site de Clémentin Sarlat, la créatrice de ce podcast : https://clementinesarlat.com/

Je vous mets aussi les livres & documentaires qu'elle recommande, parce qu'il y a des choses fabuleuses : http://clementinesarlat.com/ressources/


8 commentaires:

  1. Ton récit vient de me faire basculer 36 ans en arrière. Tu ne dis pas si ton bébé pleure. Le mien pleurait quasiment tout le temps et c'était désarmant. Selon le médecin, il allait bien, mais il pleurait.
    Courage ma belle. Il n'y a rien de plus normal que ce que tu ressens et je ne dois pas être la première à te le dire. Aujourd'hui, tu as le droit de le verbaliser. C'est un grand progrès.
    Je t'embrasse ainsi que ton petit bonhomme qui na pas fini de te faire douter ����������

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  2. Eh oui moi aussi je me retrouve dans ton récit pour mon 2eme enfant. Si avec le 1er cela s'est relativement bien passé malgré un allaitement à la demande (une petite glue pendue au sein 10h par jour !), pour la 2eme ça a été autre chose. Un bébé qui pleure jour et nuit, sans savoir pourquoi, un chéri qui ne supporte pas les pleurs et qui est épuisé autant que moi par 3h de sommeil par nuit. Il a un peu démissionné de son role de pere et d'époux pour ce 2eme enfant pour mieux s'occuper de la 1ere (plus gratifiante à ses yeux) Alors j'ai géré cette petite puce autant que je le pouvais pendant que je m'épuisais un peu plus chaque jour et que je me demandais "pourquoi ai je voulu ce 2eme enfant alors qu'on était comblé par une vie à 3..... J'ai regretté ce 2eme bébé.... La nuit de notre 5eme anniversaire de mariage, je l'ai passé seule dans notre lit avec un bébé collé à mon sein alors que je revais de passer la nuit dans les bras de mon mari.
    Meme les sourires ne me soulagaient pas. Moi ce sont les rires aux éclats qui m'ont redonné du baume au cœur, ça demandé du temps. Malgré le fait que cette petite puce ait pu cesser de pleurer la nuit à 2 ans (oui dès qu'elle a eu 2 ans j'ai recommencé à dormir sur mes 2 oreilles d'un sommeil réparateur !), je n'ai toujours ces 1ers mois de sa vie comme de très mauvais souvenirs. Alors maintenant, elle a 5 ans 1/2, elle est adorable, pétillante, caline, pleine de vie... comme si elle "réparait" ces 1ers temps si difficile.
    Et à présent, je suis une maman comblée par 2 chipies. Pour rien au monde je ne voudrais de 3eme enfant. Je me contente du bonheur de notre vie à 4 qui a été bien malmenée les 1ers temps.
    Désolée pour le pavé mais NON, avoir un bébé ce n'est pas que du bonheur..... mais on y tend avec le temps ;-)

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  3. Merci pour ce partage d’expérience qui fait écho presque mot pour mot à la mienne ! Mon petit bout a 4 mois, mais pendant les 2 premiers mois, je l’ai voulu plusieurs fois cette machine à remonter dans le temps ! Je me sentais mal de vouloir oublier mon fils qui n’avait finalement rien demandé à personne et qui exprimait simplement ses besoins par le seul moyen disponible...les pleurs ! Aujourd’hui tout va beaucoup mieux, même si il y a des “rechutes” ou j’aimerais être tout sauf une maman. Mais ça, c’est 0,05% du temps, pour le reste, il arrive à me faire oublier une mauvaise journée en un seul sourire ! Bonne continuation !!

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  4. Un petit Néo... comme un de mes jumeaux (bientôt 18 ans !).
    Par contre nous n'avions pas mis d'accent sur le E... je ne sais pas pourquoi... un oubli lors de la déclaration ?

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  5. J’en me reconnais tellement dans ton texte
    Merci 😘
    Maman de 3 enfants 8, 6 ans et 14 mois ...
    Le premier a été très dur pour nous, un tremblement de terre
    Et pourtant il faisait ses nuits et avant 6 mois il dormait dans sa chambre et était « facile » à vivre
    Mais 10 ans de vie a deux ça laisse des traces
    Puis la deuxième est arrivé
    Tous le temps collé à moi, n’a dormi que à 1 an, et plus de temps libre ...
    Puis ils ont grandis et le troiz est arrivé
    Et la Ben en fait ça a rien changer
    Bizarrement tous ce gère tous seul
    Il ne dort toujours pas dans son lit et ne fait pas « ses » nuits mais ça m’est égal car ce sera le dernier et je suis pas pressée de le voir arrêter de téter
    Mais il m’arrive de regretter ma vie sans enfants
    Surtout sur le plan professionnel ou je ńai pas pu évoluer en même temps que mon mari
    Et toujours cette responsabilité de maman qui prend le dessus sur celle pro
    C’est mon mari qui gère le lever, les emmener à l’école ou a la creche et le retour de l’ecole
    Moi je gère le soir et les week-ends et la gestion/organisation de la maison
    Alors merci encore
    Car non ce n’est pas que du bonheur
    Mais on prend du plaisir dans un sourire, un câlin et ça nous rebooste pour un tour 😘

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  6. Je viens de lire ton récit et j'ai l'impression que c'est moi qui l'ai écrit. C'est tellement ce que je vis en ce moment. J'adore mon fils (à peine 6 semaines) mais j'ai l'impression d'être son esclave. J'aime beaucoup l'allaiter, j'y prend énormément de plaisir et lui aussi vu les sourires (volontaires ou non) qu'il me fait pendant et après les tétées,mais j'avais jamais pensé que c'était aussi difficile. Il y a même des journées entières où il demande constamment et je suis désemparée parce qu'au bout d'un moment mes seins sont justes vides. Et là c'est le drame.
    Ça me rassure de savoir que l'allaitement mixte peut être une solution... j'espère que ce sera la solution pour petit bou et moi.

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  7. Ton texte m'a énormément touchée. Je ne suis pas encore maman mais je me languis du jour J. Tu es une maman très courageuse, et tu as eu raison de nous partager ton expérience. Tu dois te sentir mieux j'imagine, ça fait toujours du bien de poser des mots sur ce qu'on l'on ressent, sans avoir peur d'être jugée ou pointée du doigts. Et tu as parfaitement le droit de trouver ça difficile. Devenir maman ce n'est pas acquis, on apprend tous les jours à l'être. C'est super que tu sois bien entourée, c'est le plus important. Courage à toi et plein de bonheur avec ton petit Néo.

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  8. Merci pour ton temoignage! Je pense que l'allaitement nous rend encore plus dependante de nos bébés que l'on ne croit... Pr moi cela ne fait que quelques semaines mais je me retrouve deja ds tes mots!

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